CARNET D’HUMEURS

JOURNAL 2014.06.03 – Artiste, dites-vous ?

On écrit parce que c’est ainsi. On l’a toujours fait. Déjà, sachant à peine former les lettres, on s’isolait dans sa chambre pour en faire des mots, des phrases, des pages de journal, des poèmes. Puis on a continué par habitude. De même chante-t-on, joue-t-on du piano ou de la guitare, du pinceau ou du ciseau, sans doute aidé au départ par un contexte familial. Notre art nous définit, en même temps qu’il ne dit pas tout de nous, puisque nous avons, la plupart du temps, dû choisir aussi un autre métier pour vivre. On ne vit pas de son art, du moins pas avant très longtemps. Et puis, il y a la famille, les enfants… On écrit, donc, sans trop se poser de questions. La plume ou le clavier sont comme l’air qu’on respire.

Hubert Mansion

Hubert Mansion- Crédit photo : Emilia Tamko

Un beau jour, on croise un homme. Hubert Mansion: nommons-le, puisqu’il s’agit de lui. Il vous regarde droit dans les yeux et vous demande : qui êtes-vous ? Il ne veut pas entendre parler de l’activité alimentaire ni des enfants ni de vos activités sociales, non; ce qui l’intéresse, lui, c’est comment vous vous définissez comme artiste. Surtout, ne vous contentez pas de lui répondre mollement que vous écrivez ou grattez de la guitare. Il exige du concret sur votre identité d’artiste, le bonhomme. Il précise, au cas où vous n’auriez pas compris : quelles sont vos valeurs et votre mission ?

Et vous vous surprenez à bafouiller n’importe quoi. (J’aurais dû aller relire mes propres carnets, tiens !)

Ironiquement, même si l’on a écrit toute sa vie (et à 64 ans, ça commence à faire long), avec des doutes récurrents, certes, sur ses motifs, son talent, sa capacité de mener à terme tel projet, sur la pertinence d’un sujet, voire sur sa légitimité en tant qu’écrivain, même si l’on a travaillé avec un certain nombre d’éditeurs, de directeurs de collection, on vous a rarement posé la question aussi crûment. Ceux qui l’ont fait, essentiellement des enfants lors de rencontres d’auteurs dans les écoles et les bibliothèques, n’ont jamais osé vous défier comme il le fait, lui. Ils se sont contentés du : « Parce que je ne sais pas faire autrement. »  Lui,  non. « Ah bon ! ajoute-t-il. Pourquoi ? » Il est patient. Il attend. Puis, voyant que vous pataugez, il propose quelques outils pour vous aider à voir clair en vous-même. Retour obligé à la case départ.

Je sors d’une deuxième journée de formation avec Hubert Mansion. La première portait sur l’identité artistique; la seconde sur ce qu’attend de vous votre public. Il en offre d’autres (notamment sur le réseautage), et des conférences aussi. On peut voir et entendre ce que cela donne sur son site web, grâce à des capsules vidéo. Enfin, on pourra bientôt… parce que le site est en reconstruction au moment où j’écris. Ce que j’ai vu il y a une quinzaine de jours donne une bonne idée de ce qu’on peut attendre de ses prestations. Allez ! Pour vous faire patienter, je vous confie cette adresse sur YouTube. Si vous avez le bonheur de pratiquer votre art en Montérégie, adressez-vous au Conseil montérégien de la culture et des communications, qui organise des groupes.

Ça vaut le détour. Ça bouscule par moment. (Je suis en train de remplir des pages de journal sur ce sujet: dix, rien que ce matin ! Je vous reviendrai donc forcément, et plus en profondeur,  là-dessus bientôt.)  Ça remue passablement. Mais ça donne des outils et… bien des heures de réflexion et de travail par la suite. Souriez ! C’est pour votre bien.

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