JOURNAL D’ÉCRITURE
Publié le 10 avril 2013
JOURNAL 2013.04.09 – Le cauchemar de l’écrivain
2013.04.09 – Le cauchemar de l’écrivain
Soudain, un message apparaît à l’écran : « La batterie fonctionne maintenant sur sa réserve. Veuillez enregistrer votre travail.» Mon ordinateur est pourtant branché. Vrai, mais le témoin lumineux est éteint, signe que le courant ne passe pas. Bouffée d’angoisse. Qu’est-ce que c’est que ça ? J’enregistre tout, j’éteins rapidement afin de ne pas épuiser le maigre 5 % d’énergie restante, et je me mets à examiner mon appareil dans tous les sens. Pourvu que ça ne soit que le cordon d’alimentation ! Pas la prise de l’ordinateur, surtout pas ! S’il fallait que je laisse mon portable en réparation pendant des jours, ce serait la catastrophe ! Dans la nuit, cauchemar : j’ai perdu tous le contenu de mon ordinateur.
Au réveil, ma première pensée va à lui : mon ordinateur ! Encore à moitié nue, avant même la douche, je le rebranche. Hélas ! La nuit ne lui a pas porté conseil… Dans la douche, sueurs froides : et si j’avais perdu tous mes textes ? Mon roman ? J’entends rire mon chum, qui me trouve un talent exceptionnel pour tout dramatiser. Je donne un coup d’eau froide pour rafraîchir mes dispositions à la réalité. C’est mon adaptateur, c’est le plus raisonnable, et je vais trouver une solution rapide. Je téléphone pour prévenir la responsable de la bibliothèque que j’aurai du retard. Je dois attendre l’ouverture des magasins pour résoudre mon problème.
Et c’est là, devant mon petit déjeuner, que je mesure l’ampleur du désastre. Déjeuner sans Le Devoir, que je lis d’ordinaire à l’écran, sans faire les mots croisés qui sont mon exercice de réchauffement d’avant l’écriture, sans vérifier si j’ai reçu des courriels de mes enfants. Ah ! Suis-je bête, j’ai mon IPhone pour ça. Mais écrire un roman sur IPhone… Je tourne en rond. Que la maison est vide, sans mon MacBook Air! Ai-je une vie, sans mon ordi ? Qui suis-je, quand je ne peux pas taper sur un clavier ?
Je réussis tout de même à m’occuper intelligemment durant une heure. (Grâce au ciel, je suis née en 1950. Ayant donc vécu au moins la moitié de ma vie sans ordi, j’ai pu renouer avec la néanderthalienne en moi.) À 9h55, je fais le pied de grue devant l’entrée de Micro Boutique au Dix30. Mon diagnostic est bon : l’adaptateur a flanché. Pourquoi ? « Parce que c’est du consommable, ça, madame. Ça peut flancher n’importe quand ! » Me voilà prévenue. J’en prendrais bien une douzaine, pour éviter de me retrouver dans cette situation, mais… Voilà, on n’en a pas en magasin et, si j’en commandais, on ne peut pas me dire quand on le recevrait ! Je crois rêver. Si c’est du consommable, pourquoi n’en ont-ils pas en inventaire ? Bien voyons, parce que mon ordinateur est vieux. Un modèle d’il y a deux ans. Le type en fronce presque le nez. Moi, je frôle la syncope.
Heureusement, il y a un Future Shop pas loin. Je me précipite. J’ai l’ombre du début d’un espoir. Malheureusement, l’adaptateur proposé ne convient qu’au nouveau modèle de MacBook Air. Je dois me rabattre sur un Apple Store. Il y en a trois « dans le coin » : centre-ville de Montréal, Laval ou Sherbrooke. C’est vite vu ! Je file à Laval, pour n’avoir pas à me battre avec la circulation et les difficultés de stationnement du centre-ville. Après avoir marché trois kilomètres dans les allées du gigantesque centre commercial, j’entre enfin dans une boutique du genre plus high tech que ça tu meurs. Il doit y avoir plus d’une centaine de clients dans le magasin, mais on n’est pas du tout entassés. Au moins trente vendeurs sont à pied d’œuvre. Je n’ai pas à attendre, on me répond tout de suite. Oui, bien sûr, on a cette pièce en magasin. À l’étalage d’ailleurs, même pas besoin d’aller fouiller dans l’arrière boutique. Oui, nous allons ouvrir l’emballage et vérifier que l’adaptateur est bien compatible avec mon modèle, mais il faut payer d’abord. Et si ça ne convient pas ? On me remboursera. Inutile de courir à la caisse, le vendeur a son appareil de poche sur lui. Je sors ma carte. Ça ronronne. La facture, je vous l’envoie par courriel, évidemment ? Évidemment ! Je m’apprête à donner mon courriel. Pas nécessaire, c’est dans la machine, puisque j’ai déjà acheté un produit Apple un jour… Ah ! Il n’est pas trop vieux, mon courriel ? Bon, quand même, j’apprécie. Pas de paperasse, pas de traîneries. J’ai tout de suite copie de la facture sur mon IPhone, si je veux vérifier. Le tout n’a pas pris cinq minutes… Sans compter le trajet, bien entendu ! Car il a tout de même fallu revenir sur la Rive Sud. Je suis rentrée à la bibliothèque à 12h15, avec un poil plus que trois heures de retard. Mais j’ai un adaptateur tout neuf, qui devrait me permettre de me rendre à la fin de la résidence ! Et le sentiment d’avoir mis le pied dans le futur…