JOURNAL D’ÉCRITURE

Publié le 26 juin 2016

Journal 2015.06.26 – Écrire prend du temps !

Je ne suis pas de ces écrivains heureux qui pondent un manuscrit par année, bon an mal an. J’ai l’écriture lente.

Depuis cinq ans à présent, je travaille à mon roman… Avec des pauses, bien sûr, car il faut laisser reposer le manuscrit de temps à autre; prendre du recul pour exercer son regard critique. J’en suis à la troisième version. Chaque fois, je reprends tout à zéro.

Au bout de deux ans de travail, j’ai soumis un premier manuscrit de près de 300 pages à Éric Simard (« Hamac », Septentrion). La première version racontait le deuil. L’éditeur m’a fait comprendre qu’on ne saisissait pas bien ce que la protagoniste avait perdu, pourquoi ce deuil était si douloureux. Il soulignait aussi que je restais trop « dans la tête » du personnage. Entrer dans sa douleur me coûtait, à vrai dire. J’ai donc laissé reposer le manuscrit dix-huit mois.

Puis je l’ai relu… Ouf! Que c’était mauvais !

Je me suis donc attachée, dans la deuxième version, à montrer comment était née cette relation amoureuse. Seulement,  prise par la montée du désir, j’en oubliais l’essentiel : ces amoureux devaient vivre ensemble, avant d’être cruellement séparés par la mort. L’histoire s’étalait sur 250 bonnes pages, et les amoureux n’avaient pas encore franchi le seuil de la vie commune. Je n’allais tout de même pas en faire 800 pages rien ue pour montrer ce que mon personnage avait perdu. C’était trop long ! Il fallait réfléchir et identifier les moments clés de cette histoire. Raconter, inventer au besoin, mais sans trahir.

À l’époque, j’étais encore déchirée entre roman et récit autobiographique. Mes hésitations nuisaient à mon écriture. Je le voyais bien, mais n’arrivais pas à sortir des mailles du filet.

Or, en septembre 2014, le CMCC[1] m’a accordé une subvention de formation, grâce à laquelle j’ai pu explorer le matériel autobiographique sur lequel s’appuie cette histoire. J’ai pris un recul salutaire par rapports aux faits, créé des personnages à partir des personnes réelles. J’ai été guidée dans ce travail par Dominique Alexis, une spécialiste de l’intrigue. Nous avons eu de fructueuses séances de réflexion sur les personnages, les enjeux dramatiques, la thématique. J’ai fait des exercices d’écriture, afin de définir le style et la voix narrative les mieux adaptés à mon histoire. J’ai travaillé sans relâche, de septembre à décembre, 6 jours par semaine, plusieurs heures par jour.

De sorte qu’en janvier 2015, je me suis sentie prête à attaquer la rédaction. À vue de nez, j’ai rédigé environ les deux tiers du roman. Mon calcul est approximatif, car je travaille par scènes détachées, sur le logiciel Scrivener. Comme je n’ai pas encore fondu les scènes et les chapitres en un manuscrit, j’ignore encore en combien de pages cela tient. Pour le moment, je n’ai pas besoin de le savoir. Je sais que j’écris sans doute pour rien, que j’effacerai beaucoup. Au moins, ce travail n’est-il pas inutile. Il me permet d’entrer profondément dans la dynamique des personnages.

Si je m’en tiens à mon plan de travail, je devrais être en mesure de présenter un manuscrit à un éditeur au début de l’été 2016… Un éditeur qui me fera probablement tout récrire, s’il accepte le manuscrit. Mieux vaut en rire!

[1] Conseil montérégien de la culture et des communications

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