Internet, les réseaux sociaux, le numérique influent sur le travail de l’écrivain, il y a peu de doutes là-dessus. Mais comment ? Jusqu’à quel point ? Constituent-ils une aide ou un défi pour l’auteur dans la vie de tous les jours ? Au fond, notre métier a-t-il vraiment changé avec les réseaux sociaux?

J’ai souvent pensé que les auteurs devaient se sentir à la fois fiers et perplexes devant la traduction de leurs ouvrages. J’avais raison, en tout cas en ce qui me concerne. Devant la traduction coréenne de mon album Papa, maman, nos livres et moi, je ressens un soupçon de fierté, beaucoup d’inquiétude et une étrange distanciation.

Depuis l’annonce de la faillite des éditions la courte échelle, il y a une douzaine de jours, je suis sous le choc. À vrai dire, cette faillite ne m’a pas surprise. Je sentais bien que l’affaire était mal gérée. Quand un éditeur vous doit deux cents dollars et qu’il vous demande s’il peut vous régler cela en deux versements, on comprend sans autre que les liquidités sont à sec, si j’ose dire. Tout, de même, voir tomber ce fleuron de l’édition québécoise fait peine à voir.

On écrit parce que c’est ainsi. On l’a toujours fait. Déjà, sachant à peine former les lettres, on s’isolait dans sa chambre pour en faire des mots, des phrases, des pages de journal, des poèmes. Puis on a continué par habitude. De même chante-t-on, joue-t-on du piano ou de la guitare, du pinceau ou du ciseau, sans doute aidé au départ par un contexte familial. Notre art nous définit, en même temps qu’il ne dit pas tout de nous, puisque nous avons, la plupart du temps, dû choisir aussi un autre métier pour vivre. On ne vit pas de son art, du moins pas avant très longtemps. Et puis, il y a la famille, les enfants… On écrit, donc, sans trop se poser de questions. La plume ou le clavier sont comme l’air qu’on respire.